mercredi 27 juillet 2011

Les tribulations de Gérard en Avignon

Notre ami Gérard, fidèle parmi les fidèles du Festival d'Avignon nous conte son festival 2011. Un grand merci à lui!

"Le festival « Off » 2011 d’Avignon a démarré ce 8 juillet, néanmoins la parade des troupes théâtrales s’est elle déroulée, en soirée, principalement dans la rue de la République le 7.
Cette année c’est environ 1200 pièces ou spectacles qui sont présentées aux spectateurs. Cette grande manifestation se terminera le 31 juillet.
Voici quelques commentaires sur quelques spectacles que nous sommes allé voir.
« Du pain plein les poches » à 11 heures au théâtre du « Collège de la Salle »:
Un puits au milieu d’une plaine, un chien aboie de l’intérieur, les deux personnages n’ont aucun moyen de le faire sortir de là, sauf à lui jeter des miettes de pain. Ce chien n’est-ce pas nous-mêmes ?  Mais nous sommes nous aussi dans un puits… Et du pain nous est jeté… Alors n’est-ce pas à dire qu’il y aurait toujours mieux quelque part, même s’il ne faut pas s’en satisfaire… Belle pièce sur un texte de Matei VISNIEC interprétée par deux comédiens, Alain SPENLE et Alexandre ANGEL, de la compagnie François JACOB de Belfort, agissant dans un décor aussi simple que possible. Cette production est en participation avec le théâtre municipal de Targoviste, Roumanie
« Gaston COUTE 1880-1911 » à 11 heures au cinéma « Utopia République » :
Un COUTE de plus direz vous, interprété par deux jeunes comédiens homme et femme, retracent la vie de Gaston par le texte et la chanson de l’auteur. Pas facile pour ces deux jeunes d’avoir la force de caractère pour représenter un tel personnage. Même si tout paraît bien posé cela, à mon avis n’est pas suffisant. Les Ephémères réunis Léna CHAMBOULEYRON et Régis ROSSOTTO se sont pourtant emparés du texte avec force et simplicité.
« Derniéres nouvelles du fond » à 11heures 10 au théâtre « du Collège de la Salle» :
Sur des textes de Valère NOVARINA et Ghérasim LUCA, Amédée BRICOLO interprète ces textes loufoques. Clown chevronné et intello sur les bords il n’a peur ni de la mort ni de la vie. Il nous fait découvrir ces deux auteurs contemporains, c’est un véritable acrobate des mots. Un véritable moment agréable à l’écoute de cet interprète et de ces textes basés sur l’invention et le jeu.
« La chanson de PREVERT » à 13 heures 45 au théâtre « Tremplin » :
La Compagnie, amateur, du Théâtre du Rêve au travers de son spectacle, organise une promenade dans l’univers de Jacques PREVERT. Poèmes, chansons, cinéma, théâtre, tout y passe, les deux personnages André Douce interprète les chansons tout en s’accompagnant à la guitare et Jacques BERNARD nous dit les textes ou narre les anecdotes avec humour et tendresse. BREL, FERRAT, MOUSTAKI, GAINSBOURG ET RENAUD font partie du programme… Pourquoi ne pas s’être cantonné à l’univers de PREVERT ? Cela aurait peut-être renforcé la présence de PREVERT.
« C’est pas si grave » à 12heures au théâtre « Collège de la Salle » :
L’Armée du Chahut revient avec ce spectacle, déjà présente avec «  Où est passée Huguette », ces cinq comédiens chanteurs paraissent venus des années 1930. Ils sont époustouflants, leur style est décalé, la qualité du chant et leur humour permanent rendent cette bande « de faux ahuris » attachante. Un très agréable moment à passer en la compagnie de ces comédiens chanteurs ou le temps de ce spectacle défile sans temps mort.
« Le chapeau de paille d’Italie » à 14 heures au théâtre «  la cour du Barouf » :
Cette pièce d’Eugène LABICHE est interprétée par une compagnie d’amateur, « Académie Internationale des Arts du Spectacle » quatorze comédiens chanteurs incarnent les personnages de cette œuvre. Le propos de cette pièce est trop connu pour être ici développé, certains chanteurs ne sont pas au top, mais ne sont que des amateurs, je pense qu’avec un peu plus de travail le résultat pourrait être à la hauteur des espérances. En dehors de cette remarque, le spectacle est bien mené et l’ambiance pleine d’humour permet de passer un agréable moment.

« Les Poéziques » à 14 heures 30 au théâtre « Notre-Dame » :
« Les Grandes Gueules » six chanteurs, trois femmes et trois hommes « à capella » interprètent des œuvres poétiques, d’où le nom de leur spectacle. Ils réalisent un exploit musical, proche de la prouesse. Il n’est pas rare de se croire au milieu d’un ensemble musical tant le travail de l’adaptation et de son rendu soit surprenant. Une remarquable prestation de cette formation qu’il ne serait pas rare de retrouver en spectacle à Paris, et à mon avis à ne pas manquer.

« Le voyage d’Alice en Suisse » à 15 heures 25 au théâtre le « Grenier à Sel » :
Le théâtre du Loup de Nantes nous propose un sujet qui sort des sentiers battus. En effet le sujet de réflexion sur la mort volontaire est abordé par ce jeune auteur Lukas BÄRFUSS. L’héroïne Alice projette ce dernier voyage, elle souffre et n’en peut plus. Le thème de l’euthanasie est abordé sous tous ses angles avec habileté et montre bien les bouleversements que provoquent sur le patient et son entourage une telle décision. Sobre décor, l’humour n’est pas absent, personnages bien campés, médecin véreux à la limite, radié de l’ordre, incapable de se procurer des médicaments adaptés, invente un procédé, lui aussi à la limite… Spectacle intéressant méritant bien que l’on y assiste et qui ne manque pas de souffle.

« Peggy GUGGENHEIM : Femme face à son miroir ! » à 16 heures au théâtre du « Petit Louvre » :
Cette pièce de Lanie ROBERTSON est interprétée par Stéphanie BATAILLE. Peggy mit sa fortune au service des plus grands peintres du vingtième siècle. Cette femme extravagante aux prises avec ses contemporains, amatrice d’art, des belles choses, et non moins richissime, ce qui aide le mécénat, comme nous dirions aujourd’hui… Elle nous fait part de ses humeurs, au travers d’une énergie débordante, les vacheries sur les artistes fréquentés se mêlent au cocasse, voire même au tragique de certaines situations. Du rire aux larmes avec humour et émotion, l’artiste nous interprète un seul en scène où se mêlent deux passions la comédie et l’histoire de l’art.

« Einstein et le secret de Stradivari » à 16 heures 10 au théâtre du « Collège de la Salle » :
Cette pièce de Riccardo BARBERA est écrite pour un comédien, deux violons et un violoncelle. Quels mystères recèlent ces intruments de renom que sont les « Stradivarius ». Carlo TOMASSI est l’interprète, avec fougue, du luthier de ces fabuleux instruments, il joue avec fougue, conviction et passion son personnage. Tout au long le spectateur apprend tantôt les mystères du vernis, du choix des bois… ponctuée de thèmes musicaux interprétés par les musiciens. En dehors du jeu de l’acteur, cette pièce peut être conseillée à toute personne qui souhaite en connaître un peu plus sur ces fabuleux instruments de renom.

« Le cercle des Chanteurs Acteurs Disparus » à 16 heures 15 au théâtre « Les ateliers d’Amphoux » :
« Trenet 10 ans déjà » à 16 heures 15 au théâtre « les Ateliers d’Amphoux » :
Pour ces deux spectacles interprétés en alternance jours pairs ou impairs, Marc LENER, amateur de quatre-vingts ans à décidé de voir s’il pouvait être comédien au festival. Il a donc entrepris de se payer ce plaisir qui a un coût non négligeable et représente la valeur d’une croisière. Chanteur qui aime ce qu’il fait, avant tout, il interprète les chansons du grand Charles TRENET ainsi que dans son autre spectacle des chansons de FERRAT, NOUGARO, BECAUD OU BRASSENS entre autres. Autour de ses interprétations, il sait nous faire partager la présence du chanteur concerné, voire même à la limite l’imiter. Il s’en sort fort bien et certains spectacles que nous avons vus, que je ne commente pas ici, font bien pâle figure en face de ce personnage. A aucun moment il se prend pour ce qu’il n’est pas il sait ce qu’est l’humilité.

« Anatoli » à 18 heures 25 au théâtre « Le Petit Louvre » :
Angélique IONATOS, qu’il n’est pas besoin de présenter est accompagnée par sa compatriote Katerina FOTINAKI. Ces deux guitaristes jouent des pièces de leur composition, des œuvres traditionnelles ou contemporaines arrangées pour leurs voix. Ces voix, l’une chaude et grave, celle d’Angélique, l’autre celle de Katerina, cristalline et légère. L’accompagnement des guitares sert d’écrin aux textes et aux poètes qui les inspirent depuis si longtemps. Tous les textes sont en grec, mais ce n’est pas un handicap, tant l’ensemble chant musique est prenant. Ce spectacle est une véritable évasion et cette langue n’a pas de frontières. Si voyez l’affiche de ce tour de chant, n’hésitez pas et faites le déplacement que vous ne regretterez pas.

« Anne BAQUET » à 19 heures 15 au « Théâtre du Balcon » :
« Elle était une fois » est le titre de ce tour de chant qui raconte l’histoire d’une petite fille qui naît le soir de Noël. La maman est russe et alcoolique et son papa est trop accaparé par sa boutique de farces et attrapes. Cette petite fille qui devient femme, tente d’entrer dans le milieu du spectacle, réussit, rate… Ce sont toutes ces histoires qu’elle raconte au travers de chansons composées par, entre autres, JULIETTE, Frédéric ZEITOUN, Roland VINCENT, Thierry BOULANGER. Anne BAQUET, fille de Maurice, violoncelliste, humoriste et professeur de violoncelle à Villeneuve le Roi, il participait dans de nombreuses opérettes des années 1960. Homme exigeant il a inculqué une certaine rigueur à sa fille, qui nous le prouve bien ici, tout comme elle avait su le faire dans son dernier spectacle « Prodige hors du temps et des genres ». Nous sommes ici dans un conte gai et brillant. C’est du BAQUET.
        Alors si vous êtes tenté par certaines prestations, allez « à la pêche aux info » et faites vous plaisir, mais rien ne vaudra un passage à Avignon et le contacte avec les troupes, les interprètes ou les auteurs. Avignon est un lieu d’échange incomparable que l’on ne trouve nulle part ailleurs."

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