Samedi 14 novembre 2009, la Compagnie Comme Si présente au Théâtre Paul Eluard de Choisy le Roi sa première création, La Barbe Bleue, avec Aurore Déon, Coraline Davis, Caroline Maydat et Benjamin Woh.
Sur scène, une énorme malle. Un comédien entre sur scène. Il actionne une manivelle qui fait surgir un piano d'un côté du coffre. Il ouvre un grand tiroir d'où il extrait un tabouret. Le couvercle du coffre recèle un écran. Le dispositif scénique est en place. Trois comédiennes surgissent de la boîte.
Le spectacle mêle avec subtilité le conte, sur le texte de Charles Perrault, le chant, d'après l'opéra d'Isabelle Aboulker, et le théâtre d'ombres.
Les comédiennes font preuve d'une belle énergie, de complicité et de beaucoup de fraîcheur qui donne un contrepoint à la gravité du conte.
Les personnages sont joués tour à tour par les acteurs ou les marionnettes et finissent par se rebeller contre leur auteur.
Le chant est d'une légèreté absolue avec les accents d'une comédie musicale de Jacques Demy.
Le public est à l'écoute : les rires fusent et tempèrent la tension de certaines scènes.
Parents et enfants apprécient et applaudissent avec enthousiasme à la fin de la représentation.
Nous avons eu le plaisir de rencontrer Caroline Maydat, metteure en scène et comédienne à l'issue de la représentation. Elle a répondu avec beaucoup de gentillesse et de sérieux à nos questions.
ATC : Pourquoi votre choix s'est-il porté sur le conte de La Barbe Bleue pour votre première création?
CM : La Barbe Bleue s'est imposée à moi comme une évidence. J'avais envie de travailler sur un conte qui faisait peur car c'est ce que recherchent souvent les enfants dans leurs jeux, s'approcher de la peur jusqu'à friser le moment où l'on a plus envie de jouer. C'est un conte qui m'avait beaucoup touchée lorsque j'étais petite et le thème le plus important pour moi était celui de la curiosité. La porte interdite du conte symbolise ce que l'on a pas le droit de faire alors même qu'on sait comment le faire. Cette question de la curiosité interpelle les enfants mais aussi les adultes qui se souviennent de cette "porte interdite".
ATC : votre spectacle mêle le chant, le conte et le théâtre d'ombres. Pourquoi avez-vous choisi ces formes?
L'idée du chant était une évidence car j'avais vu l'opéra "Douce et Barbe bleue" sur le livret d'Isabelle Aboulker, joué par la Maîtrise de Radio France. Le chant permet de mettre en valeur les moments de tension extrême en prenant le relais du récit : quand on ne peut plus parler, on se met à chanter.
Je ne connaissais pas la technique du théâtre d'ombres mais j'aimais l'idée de mystère que véhicule l'ombre, le jeu de la lumière éphémère, de l'ombre que chacun de nous possède. Il s'agissait là d'en faire un personnage à part qui pouvait prendre sa liberté face aux trois comédiennes.
Le décor s'est créé à partir des contraintes techniques. Le spectacle recquérait un piano, un écran. J'ai choisi de réunir les éléments du décor dans cette structure, sorte de coffre de grenier contenant des poupées enfermées là depuis peut-être un siècle, qui devient le château de Barbe Bleue.
ATC : Il s'agit là de la première création de la compagnie Comme Si. Comment s'est constituée la compagnie et quels sont vos projets?
J'ai connu Aurore et Coraline à l'EDT 91 (école de théâtre à Corbeil-Essonne) et nous avions monté une première version de La Barbe Bleue dans le cadre de nos études. Nous avons eu envie de monter une version plus aboutie qui signerait notre entrée dans la vie professionnelle. C'est moi qui me suis chargée de la mise en scène.
Pour notre prochaine création, c'est Aurore, très versé en danse contemporaine et hip-hop qui sera à la mise en scène. Isabelle Aboulker, qui est venue voir la Barbe Bleue, nous a envoyé les livrets d'opéra qu'elle a écrits.
Nous travaillons donc actuellement à la création d'une "Cendrillon" qui mêlera à nouveau conte, chante et théâtre d'objet.
Pour en savoir plus sur la compagnie ainsi que les ateliers qu'elle propose, leur site est
ici.
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